mercredi 3 février 2021

Le message du père François

 Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 29-39

« En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons. »
Le cri de Job est toujours d’actualité ! Ce cri est celui de toutes les victimes de la pandémie, des cataclysmes naturels, de ceux qui viennent de perdre un être cher. C’est aussi le cri de toutes les victimes de la méchanceté humaine. Il résonne aujourd’hui encore lorsque le terrorisme fait peur au niveau international. Il y a aussi des cris de désespoir quand la neige, si abondante cette année, devient un cauchemar pour toutes les stations d’hiver. Il en va de même pour les restaurateurs, commerçants, entreprises qui sont au bord de la faillite. Toutes ces clameurs ne résonnent-elles pas comme le cri de chaque être humain touché par les maladies, les catastrophes et les injustices ?
Les cris de désespoir, de révolte et de vengeance font partie de notre condition humaine créée par Dieu. Trop de gens, surtout parmi ceux qui ont eu une ‘’ éducation rigoriste’’ s’imaginent que ces sentiments-là sont des péchés. L’auteur du récit de la Genèse dit bien que Dieu nous a créés à son image et à sa ressemblance. Et en nous donnant un cœur, et non un bloc de glace à la place du cœur, Dieu a pris le risque d’y voir fleurir dans ce cœur l’amour et jaillir la haine.
Job est plus proche de nous que nous ne le pensons. Car Job, comme Jonas, est un personnage imaginaire, il est présent en chacun de nous ! La question qui est posée dans le livre de Job est celle-ci : existe-t-il quelqu’un qui soit capable, à partir d’une souffrance injuste, d’affirmer sa foi et sa confiance en Dieu, donc de bien parler de Dieu ?
Et en effet, Dieu donnera sa réponse, mais cinq siècles plus tard. Sa réponse s’appellera Jésus de Nazareth, dont le nom signifie « Dieu sauve ». Jésus ne fait jamais de discours sur la souffrance, mais toujours il est proche et soutient tous ceux qui peinent. Il refusera toujours d’expliquer la souffrance. Par son attitude, il vient l’habiter de sa présence. C’est ce que l’évangile de Marc nous montre au cours de cette journée type de Jésus. Là, on s’aperçoit qu’il va d’abord vers tous ceux qui ont le visage même de Job, l’innocente victime du malheur : les lépreux, les paralysés, les déprimés. Par contre, il ne ménage pas tous ceux qui « faussent les balances et vendent le pauvre pour une paire de sandales »
Jésus continue à venir à nous, de même qu’il est allé chez la belle-mère de Simon et chez tous les paumés du quartier et les blessés de la vie. Il continue à venir à nous avec une « oreille attentive ». Il se tient au pied du lit de chaque malade pour leur manifester la tendresse de son Père.
En ce dimanche des malades, l’Eglise tient à manifester cette attention particulière de Dieu à l’égard de tous ceux qui font l’expérience du mal, de la détresse, de l’injustice et qui cherchent une main, un réconfort, une compréhension et un sourire de tendresse. Oui, « Tout le monde te cherche Seigneur » particulièrement dans les événements tragiques…
Pour nous aujourd’hui, Jésus nous invite à mesurer les souffrances qui écrasent tant de gens et de peuples. On a fait d’énormes progrès pour apaiser la douleur physique, mais il y a toujours des déchirements qui persistent au cœur de tant de personnes. A toutes les souffrances que certains combattent, d’autres en rajoutent encore. Pas si longtemps encore, certains ont cru voir le doigt de Dieu dans la maladie du sida, comme peut-être aujourd’hui dans ce Covid19. Faut-il encore rajouter une couche à celui qui est déjà atteint, comme s’il ne suffisait pas au malade d’être malade et qu’il fallait en plus l’écraser, le juger, le calomnier, le condamner ? Jésus prend la main de la malade et la remet debout. C’est tout ! Dans l’Evangile le discours sur la maladie n’existe pas. Jésus agit ! Combien de bénévoles visitent les malades dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite et d’handicapés. Ils n’ont peut être pas grand-chose à dire, mais leur présence les font exister et leur redonne goût à la vie.

Photo DR

Savoir prendre la main de celui qui souffre, un sourire, c’est une autre façon de lui dire qu’il reste un frère.
Jésus ne cède pas à la tentation de la gloire facile, fruit des guérisons accomplies. Il se retire pour prier et repart sur les routes annoncer la Bonne Nouvelle. Rien ne le détournera de sa mission. Prier, annoncer, guérir: trois attitudes pour une unité de vie. Tout prend sa source dans l’intimité avec le Père, et les guérissons sont des signes de la proximité du Royaume.
Les mêmes mots peuvent être les piliers de toute vie chrétienne. Etre présent, témoigner, agir, aimer, prier, tendre la main au malheureux, être artisan de paix.... voilà un bon programme pour qui veut être un vrai disciple de Jésus-Christ. Voilà la source de toutes guérisons. Et la guérison donne confiance à chacun pour repartir vers une vie nouvelle.
François, prêtre retraité
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