Pour Noël 2020, de nombreux expatriés sont dans l’impossibilité de rejoindre leurs parents pour fêter Noël. Certains se résignent, d’autres non. Ils arrivent tous à communiquer par les différents moyens de communications actuelles.
Nos seniors qui ont vécu la période de 1939 à 1945 ont fêté Noël, séparés de leurs maris, père ou enfants et de plus, évacués, expulsés ou déportés. De plus, la plupart du temps, ces familles souvent déchirées ignoraient l’adresse du père ou du fils, mobilisé, ou déporté. Les médias en parlaient moins qu’actuellement.
La famille déchirée à Noël 1939
Quand les habitants de Moselle ont passé leur Noël 1939 en Charente, ce qui a surtout compter pour eux c’est de participer à la Messe de minuit. Le « Christkind » n’est pas passé dans les maisons pour récompenser les enfants. Presque dans chaque famille, il manque quelqu’un, un père, un fils. Quand Agathe a quitté Ormersviller le 1 er septembre 1939, elle part avec sa fille de 14 ans et ses deux fils de 13 ans et six mois. Son mari Antoine est mobilisé, ses deux filles de sept et dix ans sont en vacances en Alsace. Une famille déchirée est de plus évacuée. Le plus beau cadeau de Noël pour Agathe et ses enfants est le retour du mari et du père, démobilisé quelques jours avant Noël. Par contre, la famille est incomplète pour la première fois à Noël, les deux filles ont dû rester en Alsace. Agathe ne les reverra qu’en septembre 1940.
Et en 1944
Après le retour de la famille en Moselle, elle sera expulsée dans le Saulnois où Antoine devra gérer une ferme en tant que « Siedler ». En avril 1944, son fils René est incorporé de force dans l’Armée allemande en Norvège. Régulièrement, il. donne de ses nouvelles. Hélas le 30 septembre 1944, la famille est évacuée par les Américains à Nancy et le courrier ne suit plus et les parents sont sans nouvelles de leur fils. Le Noël 1944, est le plus triste pour la famille, car René manque, et on ne sait pas où il est. Il est peut-être mort. Pourtant, Antoine veut fêter Noël, il ramène un sapin qu’il a coupé dans la forêt. Il est décoré avec des boules fabriquées avec des noix recouvertes de papier aluminium, récupéré aux tablettes de chocolat que les Gi’s, stationnés sur la Place Stanislas ont offert à Joseph. Pour ne pas traumatiser les enfants, les parents en parlaient le moins possible. Ils se sont surtout réfugiés surtout dans la prière. C’est surtout après le 8 mai 1945 qu’ils ont évoqué son absence, car dès le mois de juin les premiers prisonniers ont été libérés. Le 3 octobre 1945, cela été un jour de joie, René est revenu de captivité et a retrouvé leur famille.
Lors de leur évacuation, en 1939, les familles déchirées par la guerre avaient d’autres soucis que d’avoir un sapin bien orné
Joseph Antoine Sprunck