dimanche 1 décembre 2019

Le message du Père François


Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 24, 37-44
« Parole d’Isaïe, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem. Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! Montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. » Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur. Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur. »

« De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » annonçait le prophète Isaïe. Pensez-vous que cela arrivera bientôt? Ah, si cette prophétie pouvait se réaliser aujourd’hui ! A regarder autour de nous, il y a de quoi douter de sa mise en œuvre. Isaïe annonce que les armes deviendront des outils et aujourd’hui, on utilise les connaissances nouvelles pour construire des usines nucléaires qui peuvent devenir les pires menaces sur la vie. Au cours de son voyage au Japon, le Pape François, s’adressant à tous les responsables de la société disait : « L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est aujourd’hui plus que jamais un crime, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais aussi contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune. L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est immorale. Comme est immorale la possession d’armes atomiques. »
Dans un mois, je vais accompagner 35 pèlerins en Terre Sainte. Là les pèlerins seront confrontés au conflit entre Israël et les Palestiniens, qui loin de se régler semble s'envenimer. Persister à construire et « reconnaître légitime » plus de 800 logements en Cisjordanie ne peut que fermer le chemin vers la paix. Depuis que je suis au monde, je ne pense pas qu'il y ait eu un jour où n'y avait pas de guerre sur la terre. Depuis que le monde est monde, il y a toujours eu entre les nations, mais aussi entre les individus, dans le monde mais aussi au sein de nos familles, des guerres, des haines, des rivalités, des violences, des vengeances. Le livre de la Genèse nous relate le fratricide de Caïn sur son frère Abel. Si nous regardons notre histoire, si nous regardons le coeur de l'homme, la paix partout et pour toujours, ça ne semble pas possible.
Or, dans ce qui paraît impossible à réaliser, quelqu’un est venu nous dire le contraire. Ça me fait penser à un enfant qui fait des colères parce qu’il n’a pas reçu son cadeau de Noël souhaité. La sagesse d’une personne expérimentée, peut lui permettre de ne pas désespérer et lui faire découvrir qu’il y a des choses beaucoup plus importantes et qui méritent toute notre attention. Ainsi, pour les chrétiens cette personne, cette sagesse : c’est Jésus, le Messie, l’envoyé de Dieu sur nos chemins de vie. Et sa venue ne change pas le déroulement de l’histoire. Ce Messie invite tous les hommes à mettre en œuvre la prophétie d’Isaïe. Le rêve d'Isaïe n'est pas une utopie, mais un projet à réaliser. La mise en œuvre, les efforts qui sont faits aujourd’hui pour le respect, la dignité, la fraternité sont les semences du Royaume. Ces germes nous préparent à accueillir le Christ au terme de notre histoire. Il nous fera passer dans le monde de Dieu où toutes les nations seront rassemblées fraternellement. Alors personne ne sera plus un loup pour son voisin. Là est notre foi ! C'est cela que Jésus nous a acquis, nous a mérité.
Mais en attendant, ne nous contentons pas de rêver. Jésus nous rappelle que ce royaume éternel de justice et de paix est déjà commencé. « Mon royaume est déjà parmi vous ». Il est venu le désigner et le confier entre nos mains. Il nous demande de le rendre visible en aimant comme Lui, en réalisant ce qu'il a annoncé :
« J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'étais nu et vous m'avez vêtu, j'étais prisonnier et vous m'avez visité. Ce que vous avez fait aux plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »
Dans l'évangile d'aujourd'hui, Jésus nous invite à veiller. Il veut nous associer à la construction de son royaume. Il veut que dans le monde qui est le nôtre, imparfait avec ses guerres, ses conflits, ses laideurs, nous nous impliquions pour réaliser au moins un peu le rêve d'Isaïe. Nous ne savons ni l'heure ni le jour du retour de Jésus et ça n'a pas d'importance. L’essentiel, c’est de prendre notre part à la mise en œuvre de ce Royaume, dès aujourd’hui.
Le projet de Jésus, qui est le rêve d'Isaïe, ne se réalisera pas seulement autour des tables où les grands se concertent à Paris, Berlin, à Washington ou à l'ONU. Il se réalisera d'abord dans les maisons où nous habitons. Dans les lieux où nous travaillons. Dans les associations et les communautés auxquelles nous appartenons, c'est-à-dire partout où nous vivons et où nous œuvrons. Il se fera dans le quotidien, par des petits pas, beaucoup plus que par de grandes enjambées. Par des petits gestes de réconciliation et de solidarité, beaucoup plus que par des traités et des lois. La paix dans le monde se fera par la compréhension, le dialogue. La paix, que ce soit dans le monde ou dans notre maison, est une histoire de coeur qui ne s’enferme pas dans une stratégie.
En attendant Noël, la venue chez nous de Jésus, nous pouvons nous demander ce que nous pouvons faire pour qu'il y ait chez nous et autour de nous plus de paix, plus d'amour, plus de compréhension et de tolérance pour que notre « maison commune » soit toujours accueillante.
Le Seigneur nous demande de veiller et d’agir !

François, prêtre retraité