jeudi 9 novembre 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 25 1–13

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la ren­contre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
« Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.” Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.” Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arri­vèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !” Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.” Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » 


La fête de la Toussaint et les derniers dimanches de l’année liturgique, nous rappellent notre destinée, à savoir notre passage au festin des joies éternelles. En ce temps des longues nuits et des frimas, l’Église, par les textes qu’elle propose, nous invite à jeter lucidement un regard en avant. Levons un peu le voile de ce que sera “l’après”, “l’au-delà”. En rappelant les perspectives de la vie chrétienne, l’apôtre Paul dit : « Il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance. »  L’important du message de St Paul, c’est la certitude que nous serons pour toujours unis dans la joie et le bonheur que le Christ ressuscité nous propose.
            Ainsi Jésus lui-même, arrivant au soir de sa vie, parle du Royaume à venir. Il illustre la fête des retrouvailles par la parabole de joyeuses noces. Par-là, Jésus invite ses compagnons de route et tous ceux qui l’entendent à ne pas se décourager et ne pas se laisser prendre par la fatigue et l’usure. Or, nous connaissons tous des gens pour qui la nuit est noire...des gens qui sont fatigués d'attendre, déçus devant leurs espoirs éteints et qui laissent parfois leur vie glisser vers le néant. Voilà pourquoi, je vous propose un beau proverbe chinois: «Dans la nuit, plutôt que de maudire l'obscurité, il vaut mieux allumer une petite lumière. » Ce beau proverbe me renvoie à l'Evangile d'aujourd'hui. L'obscurité est signe de mort, de désespérance. Par contre, la lampe allumée est signe de vie et d’avenir. 
Jésus est une Lumière qui invite à ne pas s’arrêter en chemin et à dépasser toutes les étapes difficiles déjà  franchies. Les 10 jeunes filles de la parabole sont semblables à nos réalités humaines, par la diversité des situations, de l’éducation reçue et de l’espoir qui motive les façons de vivre. Toutes ces personnes sont invitées à la même fête. L’aventure paraît belle, mais Jésus sait que la réalité est pleine de surprises. 
            A la venue de l'EPOUX, celles qui ont des réserves n’hésitent pas à se remettre en route pour faire la fête en abandonnant les autres. Les autres hésitent et finalement n'osent pas se montrer avant d’avoir autant d’huile que les premières. Ne leur reprochons pas le peu d’huile en réserve, mais leur manque de confiance en Celui qui les a invitées. Elles ne voulaient pas se présenter avec une lampe vacillante et en fin de course. Elles ont oublié que même sans leur lampe allumée, elles continuaient d'exister et que l’invitation leur était toujours offerte. Elles étaient invitées, parce appréciées. Mais par contre, elles sont soumises aux conventions, aux habitudes, aux façons de faire au point d‘en oublier l’essentiel, à savoir l’estime. Par cette parabole, Jésus met en lumière un défaut de notre carapace humaine. On fait plus confiance aux biens et aux choses qu’on possède, qu’aux qualités qui nous habitent. Comme si ce que nous possédons déterminait entièrement ce que nous sommes. 
Dimanche dernier, deux infos ont marqué notre monde. 
La première, une fusillade dans une église au Texas a fait vingt-six morts. 
La deuxième : les révélations des paradis fiscaux s’élèvent à  des sommes monstrueuses et  remettent en cause la vie de la société.
-  Une fois de plus la fusillade sème l’horreur, la révolte et la consternation.
-    Pour les paradis fiscaux, ça paraît moins scandaleux, parce qu’on ignore le contenu et ses conséquences. Mais cette façon de faire aujourd’hui, sans honte, entraîne un milliard d’humains à ne pas  pouvoir manger à leur faim. Et 50 millions d’enfants meurent de faim chaque année. La liste de toutes les conséquences de ces trafics est infinie : répercussion sur le chômage, la santé, l’école, la méfiance, le mépris et toutes les incivilités qui pourrissent la vie ensemble.
Face à ces situations concrètes, Jésus annonce un monde de paix, de justice et de fraternité qu’il nous faut construire tous les jours. Mais la condition est d’y voir clair. Jésus ne demande pas de marcher en aveugle mais tout faire pour mieux voir à quoi on s’engage et prendre les moyens qui s’imposent.
Les jeunes filles qui entretiennent leur lampe rappellent l’exigence de la lumière. Or, par expérience nous savons que les avantages, les privilèges, on les cache, on les laisse dans l’ombre. Cette façon de faire empêche le partage et le respect des plus faibles. 
 Dieu nous invite à un banquet où tous sont invités, à condition d’emprunter le chemin de la Lumière et de la Vérité.

Puissions-nous dépasser les convenances dans lesquelles notre monde nous enferme. L’essentiel, c’est de garder bien vivant : l’Amour que Dieu veut  partager avec tous les hommes.

François, prêtre retraité