La plus grande compétition mondiale que la France ait jamais organisée s'est ouverte avec un show XXL sur la Seine. Obnubilés par les questions logistiques - travaux et transports, en tête -, nombre d'entre nous ont oublié l'essentiel, à savoir le spectacle. Nos 570 athlètes, gonflés à bloc, sont tournés vers un seul objectif, gagner, et viser le top 5 au classement final des médailles. Ils savent que la chance est contagieuse et qu'une victoire en entraine une autre, comme elle témoigne de la bonne santé de toute une nation. Quelle lourde responsabilité pour nos sportifs !
Chaque jour est une fête collective. Les médailles s’accumulent, quelle sera la suite ?
Souvenons-nous des Jeux organisés par Paris il y a tout juste un siècle, en 1924. Devant l’affluence annoncée - 300 000 visite, un chiffre énorme pour l'époque -, les hôteliers avaient fait exploser leurs tarifs, des locataires avaient été expulsés, le gouvernement avait réquisitionné un internat pour loger le public, et le prix des tickets de bus avait triplé.
L'histoire ne s’est pas présentée dans le même contexte matériel.
C'est heureux dès lors que le dénouement s’avère le même...Car, il y a cent ans, la France remportait 38 médailles, et se classait troisième. Qui plus est les Parisiens s’étaient passionnés pour les Jeux, et les touristes d'un été en avaient profité pour bistroter, aller au musée et au théâtre. Comme ils ont eu raison !
Lune de miel à Paris
Faut-il y voir un heureux présage pour les JO d'été qui se sont ouverts ce 26 juillet en France ? Dans la nuit du 21 au 22 juillet, une immense pleine lune aux allures de médaille d'or est venue se placer sous les cinq anneaux olympiques entrelacés sur la tour Eiffel. Multicolores quand il fait jour, ils s'habillent de blanc à la nuit tombée pour rester visibles, grâce aux 100 000 LED qui les éclairent.
La ruée versl'or
Pour faire figurer la France dans le top 5 du tableau des médailles, nos 570 athlètes tenteront de battre le record tricolore de ces quinze titres glanés en 1996. Le compteur déclenché pour créer la dynamique devient primordial.
On les appellera les dieux du stade, ces sportifs qui, sur tous les terrains, vont durant plusieurs jours pousser plus vite, plus haut, plus fort, les limites de leur sport, selon la célèbre formule empruntée par le baron Pierre de Coubertin.
Et, qu'ils soient vainqueurs ou non, ils obtiendront tous la palme de l'admiration de leurs adeptes et de milliards de téléspectateurs. Mais que d’efforts avant d'en arriver là ! La réalité est tellement intense que le vocabulaire religieux s'invite presque malgré lui pour la confirmer car l'olympisme « célèbre » ces performances obtenues au prix de nombreux « sacrifices » qui valent aux athlètes les lauriers de la « gloire », l’accès aux « panthéon » du sport.
Certes, la lucidité commande de ne pas ignorer la part de lutte qui traverse les JO, ainsi que les intérêts économiques et les enjeux géopolitiques de soft power qu'ils représentent. Notions qui n’intéressent pas les spectateurs, les yeux braquées sur les champions.
Il n'en demeure pas moins que les Jeux, dont l'Antiquité grecque nous fait le don, ont cette capacité unique, cette « magie » de transformer la rivalité en communauté. C’est la véritable ambition des JO, dépasser l'événement sportif pour être un moment universel, où les solidarités sont multiples.
Les JO offrent les deux premières lettres au mot joie. L’esprit olympique la rend communicative.
Que ferons-nous de toutes ces étoiles ?
Elles brillent au fond des yeux d'un Léon Marchand comme dans la tête de ceux qui veulent le suivre. C'est une pluie d'étoiles qui s'abat sur Paris et sur la France, où on ne compte plus les lieux où se manifestent la ferveur du moment. Signes des temps, les Français, guettant la moindre « actu des JO », sont plus que jamais accros aux écrans et aux réseaux sociaux. Un comble pour une manifestation qui magnifie l'activité physique !
Par sa performance, chaque médaillé français a brisé son plafond de verre. A côté d'eux, penauds, beaucoup de grands talents repartent bredouilles. Mais les étoiles olympiques éclairent aussi les larmes des vaincus, et leurs paroles forgent la légende de l’olympisme.
Reste à faire tomber un second plafond de verre, celui qui sépare la France du club des nations sportives, une des ambitions des JO de Paris pour les pouvoirs publics. Installer les stades au cœur de la capitale voulait donner l'idée que le sport peut se pratiquer en bas de chez soi, et faire naitre des stars françaises dans les prochaines générations. Un pari en passe d’être gagné.
Les ronchonneurs
Non la joie n'a pas inondé l'ensemble de l'Hexagone. Des mamies de la campagne se plaignent qu'il y en a que pour les Parisiens. Ces mamies auraient voulu que ces jeux ce produisent à Trifouillis-les-Oies ou à Villiers Cernay dans les Ardennes où je suis né (32 habitants 433 vaches) voilà pour la mise en bouche !
L'effet miroir
Depuis le 26 juillet, un phénomène fascinant s’opère dans les rues de Paris. Les sourires des visiteurs provoquent des sourires en retour. La curiosité bienveillante des touristes éveille chez les locaux une soudaine envie de partager leur ville.
Les Parisiens, souvent décrits comme pressés et peu avenants, semblent se redécouvrir à travers le regard des autres. Ils s'arrêtent, prennent le temps d'indiquer un chemin, de recommander un restaurant, de raconter une anecdote, de promettre de se retrouver.
Le miroir qu'offrent ces Jeux ne se contente pas de refléter l'image de Paris, il la rend plus belle.
Même la disponibilité des mobilités douces est appréciée. « Nous nous déplaçons à vélo, tout est parfait », s'enthousiasment deux New-Yorkaises en visite pour dix jours. Les mêmes, venues « exprès pour les Jeux », estiment la ville très propre. « Nous venons de New York, alors nous pouvons vous dire que Paris est très propre ! », résument les deux jeunes femmes.
Autre point plébiscité : la sécurité, qui obtient une note de 8,62/10, alors que les Parisiens craignaient la menace terroriste « Il y a des policiers partout ! », résument plusieurs des personnes interrogées. Un bon point donc, aussi, pour la préfecture de police de Paris et les 45 000 policiers et gendarmes déployés chaque jour pour assurer l'ordre.
Le plus enthousiaste reste John : « C'est simple, je vais mettre 10/10 à toutes les questions. Tout est super ! », s'enthousiasme le touriste belge, une bouteille de bière à la main. Il est notamment épaté par la gentillesse des gens. « C'est sûrement parce que la ville est vidée de ses habitants et qu'il n'y a que les touristes », plaisante-t-il.
« Tout le monde dit que les Parisiens sont méchants et désagréables, mais c'est faux, renchérissent George et Chris, deux touristes sud-africains. Ils nous ont aidés pour nous guider quand on était perdus, ils étaient serviables au restaurant... Vraiment, c'est un grand 10/10 ! » Pourtant, ils reconnaissant s'être attendus à voir « beaucoup de personnes grincheuses et antipathiques ».
L'athlétisme, la reine des sports
L'athlétisme est un des sports où il y a le plus de concurrence internationale, et cela se répercute évidemment sur les résultats.
Tous les pays du monde sont représentés dans l'athlétisme, la compétition est très dense. Au public d'être vraiment généreux avec les athlètes français, de leur transmettre des émotions, de leur permettre à tous de battre leurs records personnels et après, on verra bien par rapport à la concurrence si cela mène aux podiums. Si on parvient à ce soutien, tous ensemble, la France entière poussant très fort, alors on n'aura pas de regrets, on sera à notre place.»
Malheureusement, La France ne brille pas dans cette discipline. Nous sommes en manque d'athlètes.
Il fut une époque où nos antillais et surtout antillaises (Perec et Aron) obtenaient la médaille d'or.
Comment oublier le 4 fois 100 mètres et 4 fois 400 mètres des champions français qui l'emportaient sur les Américains !
Des petits pays tels la Hollande, la Belgique, l'Australie alignent un ensemble d'athlètes dans toutes les compétitions !
Mais ne désespérons pas ! (...)
Dans cette grande fête offerte par les JO, touristes et spectateurs profitent de cette ambiance de relâchement généralisé pour faire un brin de causette et… plus si affinités…
La grande fête se termine, elle est désormais dans nos cerveaux et notre cœur. Les Français se sont réconciliés.
Des frissons, du suspense, de l'angoisse et, au bout du compte, beaucoup... beaucoup de joie ! Au cours des dix premiers jours de ces JO parisiens, les athlètes français nous ont offert un concentré d'émotions particulièrement intenses. Et ce, dès le coup d'envoi, avec la victoire de l'équipe de rugby à 7. Puis, bien sûr, il y a le roi...Léon Marchand, qui a survolé les épreuves de natation, ébloui les spectateurs, et inscrit son nom dans l'Histoire.
Les sportifs français, portés par un public galvanisé, ont ainsi brillamment fait le job.
Et même quand ils n'ont pas gagné, ils nous ont fait vibrer, rêver et oublier, un temps, les crises que nous traversons.
Nous rappelant au passage l'importance de l'esprit d'équipe. Alors, merci !
Il reste à attendre la fête lors de la clôture en souhaitant ne pas retrouver des images blasphématoires telles que la dernière scène ou la tête coupée de la reine.