vendredi 10 mai 2024

Le message du Père François

                                                    Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (17, 11-19)

 

« En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

 

Ce passage d’évangile se situe à un tournant important de la rencontre de Dieu avec les Hommes. Jésus a transmis, à ses Apôtres le message d’Amour de son Père. Et par eux ce message nous est parvenu. La Bonne Nouvelle a traversé l’histoire et l’espace. Le mot Evangile veut dire précisément : Bonne Nouvelle. Et la valeur de l’évangile n’est pas liée à l’impression et à son support, mais à la qualité de son message, un message percutant de quoi bousculer nos manières de vivre. 

 

Or pour les cadeaux comme pour les héritages, on en reste habituellement à la valeur marchande des objets. C’est une réalité incontournable de notre existence, mais pas la seule. On n’existe pas sans la matière, au point que Dieu est mis en doute, parce qu’il n’est pas matière. Ainsi, notre vie est animée par de nombreux aspects qui ne se réduisent pas à la matière. Mais en même temps, ils n’existeraient pas sans la matière, tel l’Amour…                                                                                           


 

Dans l’évangile, Jésus nous dit, à sa façon, que nous ne sommes pas que « matière ». « Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais.  Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. »

Pour les disciples, comme pour nous aujourd’hui, c’est le temps de l’absence visible de Jésus et en même temps, le temps de la responsabilité. A savoir, qu’il nous faut mettre en pratique, aujourd’hui, l’enseignement reçu de Jésus : « nous aimer les uns les autres ….  d’être unis comme le Fils à son Père ….. de vivre dans la vérité ….. de ne pas fuir ce monde… ». Dans sa prière au Père, Jésus reste respectueux de la liberté d’un chacun. Il s’est toujours présenté comme le Dieu de la proposition. Il souhaite notre collaboration libre et consciente.                                                                                                                                        

Le monde de Dieu, qu’on appelle le Royaume, celui qu’il a créé et qu’il a confié aux hommes, est un monde que nous devons apprécier, aimer parce qu’il est sorti du cœur du créateur. C'est le monde que les hommes et les femmes habitent, peuplent, gèrent et qu'ils exploitent. C'est un monde qui est habité par nos valeurs, nos espoirs, nos motivations, nos cultures, nos liturgies, mais aussi par nos souffrances et par nos deuils. Ce monde est travaillé et perturbé par nos réussites, nos tâtonnements et nos échecs. C’est bien dans ce monde-là que Jésus envoie ses disciples et les chrétiens d’aujourd’hui pour continuer l’œuvre du Créateur.

Bien que nous soyons façonnés avec cette terre, le Christ nous rappelle que nous avons une destinée éternelle auprès de Lui. En attendant, Jésus prie son Père de nous garder du Mauvais, de l’esprit de tout ce qui peut porter atteinte à la dignité et à la grandeur de l’homme. Ne pas épouser la logique du monde où règne la loi du plus fort et du mieux placé dans la société. Jésus veut nous préserver de l'esprit matérialiste de ce monde, qui ne débouche que sur la mort et la destruction. Pour rester fidèle à son enseignement, Jésus nous promet l’assistance de son Esprit qui est Parole de Vérité et de Vie.

 

Dieu ne conduit ni le monde, ni l'histoire, mais les confie à la liberté et à la responsabilité des hommes et des femmes de tous les temps : « Croissez, multipliez-vous et dominez la terre. » (Genèse) Il envoie ses disciples et nous aujourd’hui dans ce monde, mais pour être avant tout ses témoins ; témoins que l’amour est toujours possible, que l’amour peut transformer le cœur des uns et des autres, que l’amour peut nous conduire à la réconciliation et à la paix.  Seul, l’amour saura dépasser les limites de toutes nos impuissances. 

 

Ce que le Christ nous demande peut paraître à la fois banal et exigeant. On parle beaucoup d’amour, on chante l’amour, et en même temps, on fabrique les divisions, la haine, les bagarres et les violences…. on « crève » de ne pas être aimé ! Oui, il reste tant à faire pour que les personnes et les peuples puissent connaître la fraternité, le respect et l’amour mutuel.  C’est bien là, l’enjeu du Royaume auquel nous sommes tous invités à travailler.                                                               

Nous connaissons assez les méfaits d’une société éclatée où le chacun pour soi et les intérêts personnels passent avant tout le reste, et nous enferme dans l’immédiat et dans la matière. 

 

La relation que Dieu veut établir avec chaque homme, et avec l'humanité, n'est pas une relation de jugement, de condamnation, mais une relation de grâce, d'amour et de vérité.

 

Prière Universelle

Dans une grande fête populaire, la flamme olympique est arrivée, de Grèce, sur la terre de France. Alors que tant de guerres font monter la haine entre les nations, que cette petite flamme, transportée avec tant de soins, nous aide à prendre conscience de la fragilité de la paix entre les peuples. Que cette course de la flamme à travers toute la France nous redonne le goût de la joie fraternelle et de la solidarité universelle. Prions le Seigneur.

 

Nous sommes en pleine campagne pour les élections européennes. Seigneur, donne-nous ton Esprit d’intelligence pour penser à l’Europe que nous voulons : Une Europe qui s’enferme dans ses frontières et ses barbelés ? Une Europe lucide, solidaire des problèmes du monde ? Aide-nous, Seigneur, à prendre notre petite part de responsabilité en allant déposer notre bulletin de vote. Préserve-nous de l’indifférence et de la paresse qui nous poussent à ne pas prendre notre part aux élections. Prions le Seigneur.

 

Le temps liturgique de Pâques se termine, nous entrons dans le temps des Actes des Apôtres. Comme les premiers apôtres ont choisi Matthias pour occuper la place vacante parmi eux, c’est à nous aujourd’hui de prendre notre place pour écrire notre page des actes des apôtres. Guide nos pas et nos actes, Seigneur, pour qu’ils continuent à témoigner de l’amour du Père en notre monde. Prions le Seigneur.


                                   François, prêtre retraité