vendredi 12 avril 2024

3° dimanche de Pâques du Père François


                                                                                                                                    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24, 35-48

 

« En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre coeur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait pro­clamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »

 


Les apôtres ont de la peine à comprendre tout ce qui leur arrive. D’une part la brutalité de la mise à mort de Jésus et d’autre part, la surprise du matin de Pâques. Ils sont écartelés entre la peur et la joie. La prise de conscience entre ces deux événements, ne s’est pas faite de façon magique et immédiate. Et on peut comprendre que les femmes et les disciples sont déboussolés et éberlués. Et voilà que le Christ vient les rassurer : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ?..c’est bien moi ! »  Nous avons tendance à considérer les apparitions de Jésus à ses disciples après la résurrection, comme des miracles, des signes extraordinaires et même irréels par lesquels il voudrait démontrer qu'il est vivant. 

 

La résurrection n'est pas une chose qui peut se démontrer mais se fonde sur la FOI. Par ailleurs, nous savons que la FOI donne des perspectives et un dynamisme qui transforme l’existence de celui qui croit, en un Homme nouveau. C’est le plus beau cadeau que Dieu nous fait. La foi n’est pas une certitude, une garantie, du même type que celles que proposent les assurances et les lois de toutes sortes. Au contraire, la foi est une adhésion libre et confiante, qui donne un éclairage et des possibilités inespérées. Au milieu des drames humains, celui qui croit que Dieu l’invite au pardon et au soutien du plus faible, est capable d’initiatives. Cela tranche avec la morosité ambiante qui engendre méfiance et désespoir. Pour nous qui sommes rassemblés autour du Christ ressuscité, regardons la foi qui nous fait vivre et nous transforme ?

 

En insistant sur la réalité de Jésus ressuscité qui a un corps avec de la chair et des os, et qu'il mange, Luc veut souligner la réalité de la résurrection de Jésus : « C’est bien moi… avez-vous quelque chose à manger ? » C'est une présence toute simple. Jésus s'approche des disciples et insiste pour partager, avec eux, le repas d'un soir. Pour les deux disciples d'Emmaüs, la reconnaissance de leur mystérieux compagnon leur a permis de quitter la route du désespoir et à les renvoyer, tout joyeux, et de raconter aux autres l’expérience vécue avec lui. Les apparitions de Jésus à ses disciples sont des manifestations de sa présence; une présence qu'il avait promise à son Église jusqu'à la fin des temps. C’est toujours la même présence pour nous aujourd'hui.  Ces multiples apparitions aux apôtres et aux disciples ne sont assimilables que dans la foi.

 

Jésus est apparu à ses disciples pour les libérer de leur peur.  Presque chaque fois qu'il apparaît, Jésus dit: « Ne craignez pas; c’est moi ». Dans notre monde d'aujourd'hui, où il y a tant de guerres et d'injustices, la violence féroce de certains adolescents qui n’hésitent pas à pousser leur violence jusqu’à tuer un des leurs. Quelle décadence, plus de repères. Pas étonnant : « Kein Gott und kein Gebot », (plus de lois, ni de Dieu). On a l’impression de marcher sur la tête, comme disent certains. Ça signifie que nous sommes à un tournant important : humainement et religieusement où nous avons à redécouvrir les vrais enjeux de notre existence, : la VIE – le RESPECT – la SOLIDARITE et si nous sommes chrétiens : l’AMOUR fraternel. Pour nous y aider, iI ne faut pas oublier que Jésus a vaincu la mort, qu'il est présent et qu'il nous dit: « Ne craignez pas ». Jésus vient au-devant de toutes nos nuits, de tous nos désespoirs, de toutes nos lassitudes, pour y apporter sa lumière, une lueur d’espérance qui nous permet de marcher plus loin.

 

A chaque tournant important de l’histoire, nous assistons à la fin d’un règne, d’un régime pour laisser place à un monde nouveau, dont Jésus ressuscité est « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Encore faut-il être attentif à tous ces germes qui naissent dans le cœur de tous ceux qui croient et qui œuvrent pour un monde fraternel, de paix et de justice. C’est au cœur de la vie d’aujourd’hui que l’Esprit du ressuscité est à l’œuvre. C’est pourquoi, Il nous invite à entendre le cri de tous ceux qui sont en souffrance et de ne pas nous contenter d’un jugement médiatique et superficiel.

 

Il n'y a pas d'exclusivité dans le salut de Dieu. La vraie religion ne se mesure pas à la splendeur des églises et des célébrations, mais à la vie de Dieu qui se partage et se renouvelle. La vraie religion développe les capacités de chacun, à découvrir le sens que Dieu donne à ce qui est le plus banal dans la vie. Ce qui veut dire : découvrir la présence de Dieu en toute chose. N’est-ce pas cette FOI là, que le ressuscité nous invite à vivre et à partager ?

 

 

PRIERE UNIVERSELLE

 

1.- 30 ans après le génocide au Rwanda, une écrivaine rwandaise s’interroge : « Puis-je renouveler l’expérience de Dieu ? Tomber de nouveau amoureux ? »

Seigneur, alors que les guerres éveillent tant de haine, comme tu nous as aimés le premier, aide-nous à revivre ton expérience d’amour pour nos frères et sœurs en humanité. Qu’au cœur de chaque personne, tu puisses exprimer ton amour des autres. Prions le Seigneur.

 

2.- A l’approche des élections européennes, les évêques nous invitent à « choisir les candidats qui soutiennent le projet européen ».

Avec nos évêques, donne-nous, Seigneur, la lucidité de voir que : « Les frontières ne sont pas des barrières, elles sont des lieux  de rencontre ». Guide nos choix, quand nous irons voter, pour vouloir toujours plus de fraternité et de solidarité.

Prions le Seigneur.

 

3.- Le Vatican a publié une déclaration sur l’infinie dignité humaine. « La dignité n’est pas liée aux apparences, mais donnée avec la vie ».

Prions pour que, chrétiens, nous ayons le courage de lire ce texte. Qu’il nous aide à ne pas juger une personne sur les apparences que sont la santé, la richesse, l’intelligence, les origines… Aide-nous, Seigneur, à respecter chaque vie humaine simplement parce que tu l’as voulue et qu’elle est à ton image. Fais de nous les témoins de cette dignité dans ce monde qui trop souvent l’oublie. Prions le Seigneur . 


François, prêtre retraité