Évangile de Jésus Christ selon St Marc 1 14–20
« Après l’arrestation de Jean le Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite. »
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Chers amis, ce qui est surprenant, quand on lit cette page d'Evangile, c'est de constater que le ministère de Jésus ne commence pas à Jérusalem, au coeur de la tradition et du haut lieu de la foi juive, mais en Galilée, aux confins du pays. Cette région du nord a connu bien des invasions et les populations furent souvent déportées. Nombre d'étrangers s'y sont installés de sorte qu'on y trouve un grand mélange de races et de religions. Cela explique qu'à Jérusalem, on soupçonne les Galiléens de ne pas avoir une foi très pure, de ne pas appliquer la loi dans toute son intégrité. D’où l’expression de Philippe : « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ! »
Si l'évangéliste Marc se plaît à souligner le fait, c'est parce que pour lui la Galilée a une valeur symbolique. La Galilée est le lieu où Jésus atteint le monde païen. Capharnaüm se situe au carrefour des nations, sur la route du commerce entre l’Asie et l’Afrique. Dès le départ, Marc fait remarquer que Jésus n'est pas venu pour les purs, pour les juifs orthodoxes de Jérusalem, mais pour ces juifs un peu perdus dont les pratiques ne correspondent pas exactement à la loi, parce que contaminés par des coutumes païennes... C'est à ceux-là, à tous ceux mis au ban de la bonne société juive que Jésus s'adresse en premier. C’est comme le pape François qui nous envoie aux périphéries.
Jésus veut montrer que Dieu n'est plus dans le temple. Avec Jésus, Dieu rejoint les humains là où ils sont, là où ils vivent, travaillent, là où l'on pleure et où l'on rit, où l'on souffre et où l'on aime…et c'est là qu'il va choisir et appeler ses disciples. Ceux-ci vont se libérer de leurs filets dans lesquels ils étaient pris eux-mêmes, les filets de la loi et des interdits, pour devenir des hommes convertis, c'est-à-dire des hommes libres, debout et responsables.
Se défaire du poids d'une loi qui paralyse, pour savourer un amour qui nous révèle à nous-mêmes, voilà la conversion qui devient aussitôt Bonne Nouvelle. Se savoir aimé de manière inconditionnelle par Dieu, malgré le poids de nos faiblesses, pour ensuite découvrir que le bonheur ne se trouve que dans l'attention aux autres, dans l'émotion… Rien ne peut faire vivre autant l'humain que de se savoir aimé et d’aimer.
Aujourd’hui, comme hier, Jésus nous interpelle : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Ce sont là les premières paroles de l’annonce du Royaume. Jésus nous invite à opérer un travail en profondeur, une remise en question de notre façon de vivre, d’être présents et à l’écoute du monde de ce temps. Au fond, Jésus nous demande d’être vrais, d’aller au cœur de nous-mêmes, là où nous prenons les décisions qui nous engagent. C’est dans le cœur de chacun que naissent nos pensées et nos paroles, nos gestes et nos actes. Et chaque fois que l’Homme se met au service de la justice, de la vérité, de la paix et du pardon, nous pouvons reconnaître aussi l’Esprit du Christ à l’œuvre.
« Convertissez-vous », c.à.d. mettez-vous en route, comme les bergers vers la crèche, comme les mages venus d’orient, car quelqu’un s’est approché des hommes, une étoile s’est levée !
« Convertissez-vous » c.à.d. n’oubliez pas que Dieu prend l’initiative. Ce mouvement de Dieu vers l’homme, nous le retrouvons dans la vie de Jésus qui se met en marche pour aller à Capharnaüm. Jésus enseigne là où les hommes se rencontrent. Il sait que la Bonne Nouvelle peut être diffusée aux quatre coins du monde.
« Convertissez-vous ». Il n’y a pas d’œcuménisme sans conversion. Une conversion à Dieu, car plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devons servir les Hommes comme des frères.
Ceux qui nous regardent vivre attendent des chrétiens et de tous les croyants un témoignage de fraternité et d’unité. Il est vital que les actes correspondent aux paroles, mais pas à la manière des pharisiens qui : « disent et ne font pas ! »
Nous pouvons travailler là où nous sommes à l’unité, en commençant par le dialogue qui suppose tolérance, échange et accueil. C’est comme une porte d’entrée qui permet une ouverture, un passage et une meilleure connaissance. Et c’est à cette porte là que Dieu se fait connaître et nous attend.
François, prêtre retraité