vendredi 18 novembre 2022

Des données du Père François par rapport au mondial du Qatar

C’est aujourd’hui que commence, au Qatar, la coupe du monde de football.

Seigneur, que ton Esprit éclaire nos consciences. Il est bon pour notre humanité de pouvoir nous rassembler autour d’un événement sportif et festif. Mais il est aussi cruel et injuste quand nous savons les ouvriers morts ou exploités, au mépris des droits humains. Aide-nous à chercher un chemin de justice entre notre besoin de fête mondiale, de respect dû à chaque personne et le soin dû à notre terre. Prions le Seigneur. 


 

Photo Amnesty

 

Seigneur, que ton Esprit éclaire nos consciences. Il est bon pour notre humanité de pouvoir nous rassembler autour d’un événement sportif et festif. Mais il est aussi cruel et injuste quand nous savons les ouvriers morts ou exploités, au mépris des droits humains. Aide-nous à chercher un chemin de justice entre notre besoin de fête mondiale, de respect dû à chaque personne et le soin dû à notre terre. Prions le Seigneur.


Le texte ci-dessous éclaire la prière universelle de ce dimanche
!


Mondial au Qatar : travailleurs étrangers, l’envers du décor

Reportage 

Le Qatar est accusé d’avoir sacrifié les ouvriers sur l’autel du Mondial. Il a mis en œuvre des réformes majeures pour améliorer les conditions de travail, mais beaucoup les considèrent tardives et insuffisantes.

Julie Connan, envoyée spéciale à Doha (Qatar), 

le 18/11/2022 à 11:28

 

 


 ASSAN AMMAR/AP


P« Je ne conseille à personne de venir travailler au Qatar. » Michael (1), 28 ans, a choisi il y a cinq ans d’émigrer dans le petit émirat, à 7 000 km de son Kenya natal. Sa mise de départ ? 500 dollars versés à une agence kényane de recrutement, qu’il a mis quatre mois à rembourser. « Je tiens encore un an, après j’arrête, je rentre ou j’essaie le Canada. »

Rencontré en septembre, ce vigile pour une agence privée gardait l’une des infrastructures liées à la Coupe du monde, à Doha. Son service fini, il s’offrait quelques pas de répit le long de la corniche, observant, le regard éteint, les lumières insolentes du quartier financier sur l’autre rive.

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« Dans la journée, je travaille en plein soleil, c’est terrible. Il y a deux mois, le Comité suprême d’organisation a forcé mon agence à installer une tente pour nous protéger, mais ça reste extrêmement difficile », explique ce père de deux enfants, restés avec son épouse au Kenya.

Michael sait qu’il n’est pas parmi les plus mal lotis, tels les ouvriers des chantiers de construction. « Je travaille en principe douze heures par jour, avec un jour de repos par semaine, mais ça se transforme souvent en un mois non-stop, ajoute le jeune Kényan, payé 1 200 riyals (316 €) par mois, dont 200 riyals retenus pour le transport et le logement.

2,’ millions d’étrangers travaillent au Qatar

« C’est très difficile de vivre ainsi, on déprime vite », reconnaît-il avant de rejoindre le bus chargé de le ramener à la chambre qu’il partage avec trois travailleurs. Comme eux, 2,4 millions d’étrangers travaillent au Qatar en tant que chauffeurs, ouvriers, personnel de ménage, etc. Des citoyens de seconde zone sans lesquels l’émirat ne tournerait pas.

Michael vit à Labour City, l’immense banlieue industrielle où sont parqués ces « invisibles ». Amener un journaliste en un tel endroit pourrait lui valoir un retour sec au Kenya. Mais, pour satisfaire la curiosité des reporters étrangers et redorer leur image, les autorités ont ouvert les portes d’une cité-dortoir présentée comme étant « dans la moyenne ».

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Dans ce quartier de Mesaimer, où vivent 60 000 hommes, les salariés du géant de la construction CCC sont logés dans un des vastes immeubles blancs alignés. L’un d’eux, encore assommé par son travail nocturne, accepte d’ouvrir sa porte pour la visite imposée. Dans sa chambre « modèle », il vit avec trois autres travailleurs.

L’ameublement est rudimentaire et l’intimité réduite à des rideaux suspendus. Sur une petite table, le nécessaire de toilette. « C’est une exception, le Qatar, assure Main Gaiboui, directeur du projet. J’ai travaillé en Libye, en Algérie, en Italie, et j’invite les gens à venir ici. En cinq ans, il y a eu beaucoup de changements. »

Un salaire minimum à 270 €

Dans la perspective du Mondial, Doha a effectivement fait évoluer son droit du travail. « Entre 2017 et aujourd’hui, on a rarement vu des réformes fondamentales menées aussi rapidement », estime Max Tunon, qui dirige l’antenne qatarienne de l’Organisation internationale du travail (OIT). Il mentionne la fin du système féodal de parrainage des travailleurs migrants (kafala) ou le salaire minimum de 270 €.

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Mais de graves problèmes demeurent, comme les vols de salaire, les morts suspectes et les abus de toutes sortes. « Certains employeurs empêchent leur domestique de sortir leur jour de repos parce qu’ils sont persuadés qu’elle va revenir enceinte ! », relate Max Tunon.

Face aux critiques, Doha plaide la méconnaissance de la nouvelle réglementation et les réticences des employeurs, y compris des compagnies internationales. Les ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International jugent de leur côté ces réformes « trop tardives ou trop faiblement mises en œuvre pour que de nombreux travailleurs en bénéficient ». Elles appellent le Qatar et la Fifa à réparer les abus subis par les travailleurs et à indemniser les familles des personnes décédées.

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En août, des dizaines de travailleurs qui protestaient pour réclamer le versement de salaires impayés depuis des mois ont été expulsés. « Je ne conseille vraiment pas aux travailleurs de manifester dans les rues », grimace Max Tunon.

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Morts du Mondial : la bataille des chiffres

En 2021, le quotidien britannique The Guardian annonce un total de 6 500 étrangers morts au Qatar depuis l’attribution du Mondial en 2010, sur la base d’actes de décès fournis par cinq pays d’Asie du Sud-Est, qui « ne sont pas classés par profession ou lieu de travail ».

Depuis, ce chiffre a été largement utilisé pour illustrer les « morts du Mondial » (accidents, crises cardiaques dues à la chaleur, à l’épuisement), alors que le Comité suprême d’organisation fait état de son côté de 50 morts, dont 3 sur ses chantiers.

Aucune ONG internationale de renom ne reprend le chiffre de 6 500. Certains observateurs le jugent sous-estimé, notamment parce qu’il ne tient pas compte des travailleurs africains. D’autres soulignent qu’il mélange morts de migrants et morts de migrants liées au travail.

Max Tunon, directeur de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Doha, a recensé 50 morts liées au travail en 2020 mais n’a pas de données pour 2021, faute d’outil statistique fiable au Qatar.