mardi 25 octobre 2022

Message du père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Luc 19 1–10

 

« En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

 

Merveilleuse rencontre de Zachée avec Jésus.

Zachée avait une renommée bien établie : un voleur, un profiteur, un malin qui a l’habitude de profiter de la faiblesse de ses débiteurs. Il a entendu la renommée de Jésus, et il veut vérifier par lui-même. « Il grimpa sur un sycomore », pas seulement à cause de sa petite taille, mais par peur d’être lynché par la foule. Il se cache dans le sycomore pour passer inaperçu, et voilà que Jésus le démasque en disant : « Zachée, descends vite, car aujourd’hui je viens habiter chez toi. »

À l’époque de Jésus, les collecteurs d’impôts travaillent pour les Romains qui occupent le pays. Ils plument et extorquent les gens de son peuple, au lieu de les protéger.

 

Malgré sa grande richesse, Zachée se rend compte qu’il lui manque quelque chose d’important… ou quelqu’un. Et ce manque va le mettre en route, le faire courir, grimper, faire preuve d'astuce pour répondre à ses interrogations. C’est ce qui le fait sortir de ses sécurités.

Non seulement il voit Jésus du haut de sa cachette, mais le voilà comblé par l’invitation de Jésus qui veut demeurer chez lui ce soir. Franchement, il ne s’attendait pas à entendre: « aujourd’hui je viens chez toi ! » La foule est scandalisée de voir Jésus aller loger chez un pécheur ! Ainsi Dieu n'est pas celui qu'on croit. Dieu est celui qui vient, non pour les bien-portants, mais pour les malades et les pécheurs.  Dieu, en Jésus Christ, se dévoile comme le Tout-Autre. Il est le Tout-Proche. Contrairement à tout ce qu’il croyait de Dieu, Zachée découvre que Dieu est tout proche de lui, tel qu'il est, avec sa misère et son péché, au point de loger chez lui.                                                 

Alors, tout va basculer très vite. Jésus ne dit rien. Pas un mot. Il pose un regard d’estime sur Zachée. Sa simple présence, son regard, sa proximité suffisent, pour qu’instinctivement, il manifeste à Jésus son désir de conversion. Il a découvert un aspect nouveau : se savoir aimé de Dieu et pouvoir y répondre sans mesure en donnant bien au-delà du mal qu’il a fait aux autres. 

 

La profession de Zachée, collecteur d’impôts, est toujours actuelle. A l’automne, il n’y a pas que les feuilles, aux mille couleurs qui tombent, mais aussi les impôts. En soi, ils sont indispensables pour assurer une solidarité nécessaire à toutes les collectivités et à la vie de l’humanité. Dans les débats sur les impôts : locaux, régionaux, nationaux, les décisions sont prises pour choquer le moins possible ceux qui devront payer, mais en réalité il n’y a aucune transparence, comme si on voulait nous rouler dans la farine. Depuis le temps de Jésus, que de changement dans ce domaine, mais en réalité, il y a toujours des profiteurs qui cherchent des cachettes ou des paradis fiscaux pour échapper à l’impôt. On donne comme absolu, que l’argent gagné est propriété personnelle. Avec une telle mentalité, l’argent est notre Dieu. Ainsi, on est incapable d’entrer dans la démarche que le Dieu de Jésus nous propose.

 

En effet, nous ne pouvons pas comprendre l’amour de Dieu et du prochain sans changer notre manière de penser et les systèmes de valeurs qui nous habitent. C'est difficile de prendre du recul, de changer ses habitudes, de quitter ses idées toutes faites.

 

Une conversion, pour être sincère, doit pouvoir se lire dans la vie. Zachée, quand il a reconnu Jésus, renonce à ce qui était jusqu'alors le plus précieux pour lui: sa fortune. Et il s'engage par des actes concrets. St Paul, une fois les « écailles » tombées des yeux, devient l'apôtre de Jésus. Charles de Foucauld, touché par la grâce, renonce à sa vie de plaisirs pour découvrir un amour sans commune mesure avec ce qu'il appelait de ce nom auparavant. 

 


Nous ne sommes pas tous capables de changements aussi radicaux. Mais tous, nous sommes appelés à opérer des progrès dans notre tête, dans notre cœur et dans nos comportements. Il importe d’être le plus libre possible, pour répondre à l’appel de Jésus : « …Aujourd’hui, je viens habiter chez toi. »

François, prêtre retraité