mercredi 5 octobre 2022

Le message du Père François

 Évangile de Jésus-Christ selon St Luc 17 11–19

 

« Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (17, 11-19) 

« Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »

 En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

 

Tous ceux qui ont eu la chance de fouler un jour, la terre où Jésus est passé, accueillent les textes de l’Evangile d’une façon nouvelle. Vivre sur les lieux mêmes où furent prononcées les paroles du Christ, nous fait mieux comprendre tout le sens et le contexte dans lequel l’Evangile que nous venons d’entendre a été annoncé. Il s’agit de la montée de Jésus vers Jérusalem, c.à.d. vers sa mort et sa résurrection au matin de Pâques.  Jésus manifeste ici le sens de sa venue : il vient réconcilier l’Homme avec Dieu en le libérant de ses maux. Et cette libération n'est pas réservée qu’à ses compatriotes, mais à tout homme dans le monde, aujourd'hui comme hier. 

 "Alors qu’il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : Jésus, Maître, prends pitié de nous"

Les lépreux, dès qu'ils apercevaient quelqu'un à distance, criaient pour avertir de leur présence. Ils en avaient l'habitude...voire même l'obligation.  Mais le lépreux qui est-il ?

 


Le lépreux, c'est avant tout l'AUTRE! Cette personne atteinte d'un mal physique - qui fait peur - un mal qui repousse - qui fait fuir - qui met à part, qui met dans une situation de rejet de la société. C'était ainsi au temps du Christ. Et aujourd'hui, deux mille ans après, il reste encore des lépreux qui ne sont pas soignés. Malgré nos capacités modernes, il y a encore des "villages de lépreux"  comme en Ethiopie ou Madagascar.

Le lépreux qui est-il aujourd'hui ?

On aurait tendance à réduire la lèpre à la maladie qu’on essaie de soigner médicalement, en oubliant qu’il y a tant d’autres lèpres qui empoisonnent l’existence de beaucoup d’êtres humains. 

Le lépreux, c'est et restera toujours l'autre. Cette personne dont j'ai peur, que j'écarte de mes relations parce que tout simplement elle a une couleur différente de la mienne, une parole et des gestes étranges que je ne comprends pas, une façon de vivre qui me paraît bizarre. Ainsi, tous ceux qui n’empruntent pas les mêmes « passages cloutés » que nous, les marginaux, les sans papiers, les «Rom » deviennent facilement des cibles pour évacuer les peurs de notre temps. Sans nous en rendre compte, de façon tout à fait naturelle, on en fait les boucs émissaires de notre époque. Et on continue à colporter des ragots qui sont essentiellement liés à nos rognes, à nos malaises et à nos préjugés. 

Le lépreux, c'est aussi cette personne malade, âgée que je crains d'aller visiter parce qu'elle ne me parle pas, parce que je ne sais que lui dire.

Le lépreux, c'est celui qui n'est pas intéressant parce qu'il est pauvre, pauvre d'apparence, de connaissances, de richesse, de santé...

Le lépreux, peut être également celui qui nous fait peur par la menace nucléaire. C'est effectivement l'AUTRE qui fait peur.

 

Mais le lépreux, c'est MOI aussi, ce n'est pas toujours l'autre.
Car je peux être pour l'autre celui qui fait peur, qui repousse, qui a un comportement bizarre, qui est différent. Le lépreux, c'est MOI qui ai le cœur touché par une lèpre qu'on appelle EGOISME - ORGUEIL - INDIFFERENCE - REFUS d'aller à la rencontre des autres - une lèpre qu'on appelle : PECHE!

 

Devant le mal, Jésus a une démarche tout à fait opposée à la nôtre. Il n’a pas peur et ne fuit pas les lépreux. Au contraire, il a dialogué avec eux jusqu’à leur conseiller une démarche qui sera le chemin de leur guérison. La démarche de Jésus est une référence pour les chrétiens affrontés quotidiennement aux difficultés de leur temps. Et à la suite de Jésus, c’est à ces difficultés qu’ils doivent faire face. Mais pour cela, il est indispensable de prendre du recul pour se laisser animer par l’Esprit de Dieu. Sinon, c’est l’esprit du monde et du mal qui l’emporte. Prendre du recul, c’est aussi se familiariser davantage avec la Bonne Nouvelle que Jésus nous a donnée. C’est peut-être aussi marcher avec son corps et son esprit sur les chemins qu’il a parcourus.                                         

Nous encourageons vivement d’autres chrétiens de chez nous à aller à la rencontre du Christ, marcher à sa suite, choisir Celui qui est pour nous le chemin de la Paix et de toute guérison. « N’ayez pas peur ! »                                                                             Seigneur, donne-nous la force et le courage d'être proches des autres comme toi tu l'as été pour les hommes de ton temps.

François, prêtre retraité