mardi 22 mars 2022

Le message du Père François: l’évangélisation doit toujours passer avant toute célébration.

Évangile de Jésus Christ selon St Luc 15 1–32

 

« En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. « Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. « Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

            

 Je ne vous cache pas, j’affectionne particulièrement cette parabole, parce qu’elle me révèle l’Amour infini d’un père qui ne peut être que Dieu. Ce témoignage d’un père qui sait accueillir son fils, les bras grands ouverts, me fait penser à cette maman qui dit à son fils en prison : « Je suis ta mère, je ne t’abandonne pas ! » Or, dans ce passage d’évangile nous voyons « les pharisiens et les scribes récriminaient contre Lui - Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »  C’est très clair pour eux, Jésus place la dimension sociale avant le culte. Le frère est plus important que l’autel. « On le trouve souvent chez les gens sans foi ni loi, plutôt qu’au Temple ou à la synagogue. » 



Photo DR

Autrement dit: l’évangélisation doit toujours passer avant toute célébration.

  

Regardons avec confiance ce Père tendre et miséricordieux. Ce fils ressemble à combien de nos jeunes qui ont envie de vivre, de s’éclater, de faire le tour du monde…Le plus jeune fils vient le trouver pour recevoir sa part de fortune qui lui revient. Le père lui donne sans rien dire et il le laisse partir. Nous avons là une première leçon sur l’amour de Dieu, sur sa miséricorde : Dieu nous aime tellement que cet amour n’est pas captateur. Il nous laisse libre d’user de nos droits même celui de lui tourner le dos ! Même celui de le renier ! Dieu nous a créé libres tout en désirant que nous l’aimions, mais il veut que cette décision de l’aimer soit une décision libre de notre part !

 

La seconde leçon que nous pouvons tirer sur la miséricorde du Père est qu’il attend que nous soyons prêts à revenir vers lui. Ce père attend, il espère, il guette son retour. Aussi longtemps que tu as de l’argent, tu es entouré de nombreux « amis ». Une fois tout dilapidé, ce fils se retrouve nu comme un ver….dans le « désert » de sa vie. Faut-il en arriver à ce stade pour prendre conscience de ses errements ? Réduit à garder les cochons pour survivre, il prend conscience dans les larmes : « Alors il rentra en lui-même et se dit : « Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. »  Le père s’émeut et accourt pour se jeter dans les bras de son fils. Celui-ci a à peine le temps de dire : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. »que le père lui dit : « Tais-toi, laisse-moi goûter le bonheur du fils retrouvé. » Il le restaure dans sa dignité de fils. Ce jeune homme qui revient est son fils et il l’aime. C’est lui qui l’a engendré, qui lui a donné la vie, comment ne serait-il pas remué aux entrailles face à la misère de celui qui revient humblement, tête baissée ? Dieu nous aime comme ses enfants. Il nous laisse notre liberté mais cela ne diminue en rien l’affection qu’il nous porte.

 

Troisième leçon sur la miséricorde : le Père rétablit son enfant dans sa dignité de fils et il fait même une fête « car il y a une grande joie dans son cœur, dans sa maison. Son fils était perdu et il est retrouvé. C’est une victoire pour la miséricorde. Cette joie n’est pas seulement une joie intérieure, mais elle est pour tout le monde et les serviteurs vont préparer le repas. »  La joie du père, sa miséricorde déborde. Elle est pour son fils mais tous en profitent. La joie qui émane du cœur de Dieu n’est pas qu’une joie égoïste, elle rejaillit sur tous ceux qui sont dans la maison quel que soit leur mission.

 

La quatrième leçon sur la miséricorde est dans la rencontre avec le fils ainé. Celui-ci ne comprend pas l’attitude de son père vis-à-vis de son frère qui a tout gaspillé. Nous aurions certainement eu la même réaction que le fils aîné ! Lui, il est resté fidèle et a travaillé pour son père sans relâche, pourquoi n’a-t-il pas le droit à une fête lui aussi ? Le retour de son frère et l’accueil que lui a réservé son père le dépassent. Là encore l’attitude du père est magnifique : il sort à la rencontre de ce fils aîné. Il se met presque à genoux pour le supplier d’entrer et de se joindre à la fête, d’accueillir la joie qui jaillit de son cœur de père. 

 

Sommes-nous encore capables d’apprécier, à l’image de cette parabole, que Dieu est toujours là à nous attendre et à nous offrir son pardon quand nous reconnaissons nos limites et nos faiblesses ! Alors, quelle joie de pouvoir découvrir et emprunter des chemins de vie. Merci Seigneur, de nous avoir fait découvrir ce matin, la tendresse et la miséricorde sans limite de notre Père. 


François, prêtre retraité