24° Dimanche du Tps Ord « B » - 12 09 21
« En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne. Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »
Les premières phrases de l’évangile que nous venons d’entendre, nous font penser à un sondage d’opinion, et à ces hommes politiques, qui avant les élections, vont glaner des voix de ville en ville?
Ou Imaginez un instant qu’un proche…votre papa par exemple, vous pose la question « pour toi qui suis-je ? »
Un jour un prêtre, lors d’une discussion : son neveu de 18 ans lui lance dans la figure : « Je me demande à quoi tu sers ? » Voilà au moins une réponse claire, voir même cinglante. Réaction normale quand on grandit dans une famille où l’argent prime et que ce même neveu lui dit : « Je ne vais pas travailler en-dessous de 4 000€ ». Vu sous cet angle, le prêtre est effectivement improductif, il ne sert à rien !
Et si Jésus pose la question à ses disciples : « Pour vous qui suis-je », c’est que Jésus est confronté à la haine de tous ceux qui veulent l’éliminer. En plus, parmi ses disciples, certains sont partis sur la pointe des pieds. Ils attendaient un chef victorieux, chassant les romains pour redonner la première place à son peuple.
Ce passage d’évangile pourrait aussi faire penser à une certaine Eglise qui a toujours été sensible aux succès et à l’acclamation des foules et des grands rassemblements. Une Eglise qui vit dans la nostalgie de ce temps où elle était toute puissante et majoritaire.
C’était les années de gloire ! Mais les temps ont bien changé, cette Eglise construite sur le sable s’est petit à petit affaissée, effondrée essentiellement dans nos pays riches. Le troupeau s’est amenuisé, chacun se pose des questions et s’inquiète. Et pour la plupart, on ne voit pas ce que Dieu vient faire dans notre vie.
A la question posée par Jésus : « Pour vous qui suis-je ? » Pierre déclare « Tu es le Christ – le Messie ! » Mais « quel messie ? » (Certainement pas à la manière du Messi, footballeur, nouvelle acquisition au PSG. qui va gagner 40 millions par an.)
Le messie de Pierre n’est pas le même que celui de Jésus. En effet le messie de Pierre est un messie qu’il imagine triomphant, glorieux et qui, il l’espère bien, mettra les Romains dehors, tandis que le messie de Jésus est un messie serviteur et souffrant. Il n’est donc pas étonnant que Jésus interdise à Pierre d’en parler, il le traite même de « Satan » car Pierre est tout à fait à côté de la question.
Pour en revenir à Jésus il est vrai que son programme n’est pas très alléchant : « renoncer à soi-même et porter sa croix » ! Il est naturel que les foules ne soient pas attirées par une telle propagande, un tel programme.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, le jour où Jésus sera chargé de sa croix, tous vont le quitter. C’est le moment de l’abandon, il ne trouvera que quelques femmes pour le suivre.
Il en va de même pour les chrétiens, en annonçant haut et fort, comme Pierre : « Jésus est le Messie », ont dans la pratique souvent préféré garder le messie de gloire, un messie en recherche de puissance humaine, de pouvoir triomphant et qui règle tous nos problèmes?
Il est normal alors que la foule se dissipe, que les hommes aujourd’hui comme au temps de Jésus, abandonnent en masse, car ils sont déçus dans leur attente : ils attendaient des guérisons magiques, le pain en abondance et gratuitement, et nous n’avons à leur proposer que le chemin difficile du don de soi. La tentation est grande de mettre sur le compte de Dieu ce qui relève de notre responsabilité. Dieu nous a donné une intelligence et un cœur pour que nous puissions organiser la société où tout Homme, tout Peuple soient reconnus et respectés.
Le-Christ – Messie nous livre sa propre expérience : « Oui, il y a la mort. Oui, il y a l’hostilité des hommes. Mais il y a Dieu » La souffrance et la mort sont toujours là, autour de nous, en nous. Mais avec nous il y a ce frère, Jésus-Christ, ce compagnon qui nous empêche de nous résigner à la souffrance et à la mort.
« Ainsi, tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. » « Réconfortez-vous mutuellement par ces paroles d’espérance ».( 1Th 5-11)
François prêtre retraité