mardi 14 novembre 2017

Le message du Père François




Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25, 14-30
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. « Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Reprise de la lecture brève
« Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’appro­cha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
Fin de la lecture brève
« Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beau­coup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
« Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »

Par la parabole des talents, Jésus met en valeur les capacités de chaque être humain.  Autrement dit, le Royaume de Dieu,  symbole de la Vie de Dieu avec tous les hommes, a besoin aussi de la participation d’un chacun. L’Evangile nous invite à la confiance, tout en respectant les réalités humaines. Jésus invite à être particulièrement attentif aux cris des hommes de ce temps. Il y a 7 milliards  d’habitants sur la planète, et beaucoup parmi eux se trouvent dans des situations sans perspectives : misères, guerres, maladies, tremblements de terre, incendies, inondations, exodes…. Or les initiatives des hommes doivent d’abord être au service des besoins essentiels de l’humanité.
Dans les différentes démarches, discours et interventions des pouvoirs du monde, l’argent est la première préoccupation, car chacun cherche à être le plus fort, le dominant. Cette même préoccupation animait les Hébreux perdus dans le désert ? Ils remplacent Dieu par le veau d’or. De même aujourd’hui, l’argent est devenu le maître, le tout-puissant, au lieu d’être le serviteur des relations humaines. 
De tout temps les apparences, ce qui brille et paraît avoir de la valeur, attire, obnubile, accapare l’attention et mobilise les efforts des hommes.  Or Jésus rappelle que la vraie richesse, c’est la qualité de nos relations humaines ? Il  le rappelle en disant : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».  
Aujourd’hui, pour sa journée nationale, le Secours Catholique nous invite à une prise de conscience. La France fait partie des pays les plus riches du monde, et pourtant elle compte près de « neuf millions de personnes », qui ne disposent plus  de ressources suffisantes pour vivre dignement. Combien de personnes accueillies par le Secours Catholique vivent dans des logements de fortune : squats, centres d’hébergement, caravanes, tentes, sous les ponts, voitures…Nous n’avons plus à faire à des marginaux, à des cas, mais à une situation qui se généralise, et qui touche toutes les couches de la société, et en particulier des jeunes de 18 à 25 ans.
Lutter contre la misère devrait être une priorité politique et en particulier pour tout chrétien. Dans ce domaine, les bons sentiments ne suffisent pas.  Il faut s’attaquer à la racine du mal. Il s’agit de défendre des droits : droit à la santé, droit au travail y compris pour les handicapés, droit à une formation, droit au logement. Ce sont des droits civils qui doivent être portés par la société toute entière. Et chaque chrétien doit se sentir concerné pour agir dans ce sens. Il en va effectivement de la visibilité de l’Eglise. Chrétiens, nous devons redécouvrir la pertinence de l’Evangile. D’un bout à l’autre de l’Evangile, nous voyons un Christ qui « retrousse » ses manches pour aller au-devant des malades, des handicapés et de tous les exclus de la société. Pour Jésus, il y a une cohérence entre ses gestes et ses paroles. 
Nous croyons que l’homme a le droit de vivre et pas seulement de végéter. Nous pensons que nos moyens techniques, le savoir-faire des Hommes, les ressources de la terre sont assez grandes pour arriver à faire autre chose que des êtres fragilisés et assistés. Il s’agit de retrouver une volonté de vivre et de vivre ensemble. La Parabole de Jésus peut nous persuader que nous avons ensemble les moyens de nous sortir de toutes les difficultés. Jésus dit à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » C’est à la force de notre cœur et de notre intelligence que nous arrivons à créer du neuf.
L’évangile de ce jour rappelle avec force que Dieu donne à tout homme des « talents », des qualités, des capacités. Il nous faut les déceler, les développer et les mettre au service des autres. Ainsi, ils porteront des fruits en abondance.
Suite aux différentes actions du Secours Catholique, Secours Populaire, ATD Quart Monde, Restos du Cœur, Conférence St Vincent de Paul……il est devenu évident que c’est un ensemble de choses qu’il faut respecter. Même au niveau politique, on se rend compte qu’il est  de plus en plus nécessaire de donner une place active aux plus fragiles. Mais les paroles et les promesses sont difficiles à prendre en compte. Trop facilement, on considère l’aide aux démunis comme une bricole, ou encore, la petite monnaie qui traîne au fond de sa poche. 
Au contraire, l’Evangile nous invite à investir le maximum de nos capacités. Le cri d’alarme des associations qui prennent en compte la misère des gens et des peuples ne doit pas servir de prétexte  à une mauvaise conscience. Ce cri manifeste l’urgence de mobiliser toutes nos capacités humaines pour faire place à chacun. Il s’agit de vivre la  SOLIDARITE. La Solidarité est un moteur essentiel pour notre vie humaine et chrétienne. Elle  est aussi importante que la vie elle-même. C’est bien là, la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus.
François, prêtre retraité