samedi 8 octobre 2016

Le message du Père François

« Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il arriva aux frontières de la Samarie et de la Galilée. Il entrait dans un village quand dix lépreux vinrent à sa rencontre ; se tenant à distance, ils lui crièrent : « Jésus, Maître, aie pitié de nous ! » Voyant cela, il leur dit : « Allez-vous montrer aux prêtres. » Et pendant qu’ils y allaient ils furent guéris. Se voyant guéri, l’un d’eux revint, rendant gloire à Dieu à haute voix. Il tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et il le remercia. Or lui était un Samaritain. Alors Jésus demanda : « Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Où sont les neuf autres ? Il n’y a donc eu que cet étranger pour revenir et rendre gloire à Dieu ? » Jésus lui dit : « Relève-toi et va ton chemin, ta foi t’a sauvé. »

Les pèlerins qui viennent de rentrer de Terre Sainte, le pays où Jésus a vécu, accueillent les textes de l’Evangile d’une façon renouvelée. Ils ont parcouru les chemins et les lieux  où furent prononcées les paroles du Christ. Aujourd’hui, en comprenant le sens et le contexte dans lequel il a été annoncé,  les pèlerins accueillent mieux les textes de l’évangile. Le passage que nous avons entendu ce jour, nous parle de la montée de Jésus vers Jérusalem, c.à.d. vers sa mort et sa résurrection au matin de Pâques.  Jésus manifeste ici le but de sa venue : il vient réconcilier  l'Homme avec Dieu, en le libérant de son mal. Et cette libération n'est pas réservée à ses seuls compatriotes, mais à tout Homme dans le monde, aujourd'hui comme hier.
 "Alors qu’il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : Jésus, Maître, prends pitié de nous"
Les lépreux, dès qu'ils apercevaient quelqu'un à distance criaient pour avertir de leur présence. Ils en avaient l'habitude...voir même l'obligation. 
Mais le lépreux qui est-il ?
Le lépreux, c'est avant tout l'AUTRE! Cette personne atteinte d'un mal physique - qui fait peur - un mal qui repousse - qui fait fuir - qui met à part, qui met dans une situation de rejet par la société. C'était ainsi au temps de Jésus. Et aujourd'hui, deux mille ans après, il reste encore des lépreux qui ne sont pas soignés. Malgré les progrès de la médecine, il y a encore des "villages de lépreux"  en Ethiopie ou Madagascar….
Le lépreux qui est-il aujourd'hui pour nous ?
On aurait tendance à réduire la lèpre à la maladie qu’on essaie de soigner médicalement, en oubliant qu’il y a tant d’autres lèpres qui empoisonnent et emprisonnent l’existence de beaucoup d’êtres humains.
Le lépreux, c'est et restera toujours l'autre. Cette personne dont j'ai peur, que j'écarte de mes relations, parce que tout simplement, elle a une couleur différente de la mienne, une parole et des gestes qui dérangent, que je ne comprends pas, une façon de vivre que je ne partage pas. Ainsi, tous ceux qui n’empruntent pas les mêmes « passages cloutés » que nous, les marginaux, les sans-papiers, les migrants sont plus faciles à cibler que les vraies causes de nos peurs. Sans nous en rendre compte, de façon tout à fait naturelle, on en fait les boucs émissaires de notre époque. Et on continue à colporter des ragots qui sont essentiellement liés à nos rognes, à nos malaises et à nos préjugés.
Le lépreux, c'est aussi cette personne malade, âgée que je crains d'aller visiter parce qu'elle ne me parle pas, parce que je ne sais que lui dire.
Le lépreux, c'est celui qui n'est pas comme moi.....C'est effectivement l'AUTRE qui fait peur.
Mais le lépreux, c'est MOI aussi, ce n'est pas toujours l'autre.
Car je peux être pour l'autre celui qui fait peur, qui repousse, qui a un comportement bizarre, qui est différent. Le lépreux, c'est MOI qui a le cœur touché par une lèpre qu'on appelle : EGOISME - ORGUEIL - INDIFFERENCE – REFUS- VIOLENCE – HUMILIATION… cette lèpre, c’est mon PECHE!
Devant le mal, Jésus a une démarche tout à fait nouvelle qui tranche avec la nôtre. Jésus n’a pas peur et ne fuit pas les lépreux. Au contraire,  Il est la bonté même de Dieu, incarné dans le tissu humain. Il  dialogue avec eux jusqu’à leur conseiller une démarche qui sera le chemin de leur guérison. Jésus cherche avec eux une démarche qui doit déboucher sur une vie nouvelle. Jésus est heureux que ce samaritain, cet étranger, vienne le remercier, et les neuf autres que sont-ils devenus ?
Aujourd’hui, si nous voulons suivre Jésus, il nous faut aussi chercher des chemins de guérison qui transforment nos mentalités et nos façons de voir et de vivre. Mais pour cela, il est indispensable de prendre du recul pour se laisser animer par l’Esprit de Dieu et savoir lui exprimer notre reconnaissance et la joie de le servir. Sinon, c’est l’esprit du monde et du mal qui l’emportent. Prendre du recul pour un chrétien, c’est se familiariser davantage avec la Bonne Nouvelle que Jésus nous a donnée. C’est peut-être aussi marcher avec son corps et son esprit sur les chemins qu’il a parcouru.                                                     
Nous encourageons vivement d’autres chrétiens de chez nous à aller à la rencontre du Christ : marcher à sa suite, choisir Celui qui est pour nous le chemin de la Paix et de toute guérison. « N’ayez pas peur ! » Seigneur, donne-nous la force et le courage d'être bon pour les autres, comme toi tu l'as été pour les hommes de ton temps."

 François, prêtre retraité