dimanche 14 août 2016

Le message de François



En ces jours-là Marie prit sa décision et partit sans perdre de temps vers une bourgade des monts de Juda.  Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son ventre. Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint et elle s’écria : “Tu es bénie parmi les femmes et le fruit de ton ventre est béni ! Que m’arrive-t-il donc ? La mère de mon Seigneur vient à moi ! Sais-tu qu’à l’instant même où ta salutation est parvenue à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon ventre ! Tu as cru, toi, en l’accomplissement de ce que le Seigneur t’a fait dire : Heureuse es-tu !”
Marie dit alors :
Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur !
Car il a regardé son humble servante et tous les âges désormais me diront heureuse.
Le Puissant a fait pour moi de grandes choses, Saint est son Nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il a fait un coup d’éclat, il a dispersé les orgueilleux et leurs projets.
Il a renversé les puissants de leur trône, il a élevé les humbles.
Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.
Il a repris de la main Israël, son serviteur, il s’est souvenu de sa miséricorde, comme il l’avait promis à nos pères, à Abraham et à sa descendance pour toujours.
Marie resta trois mois auprès d’Élisabeth, puis elle retourna chez elle. (Bible des peuples)

« Tu es bénie entre toutes les femmes… »
Ce cri de joie de sa cousine Elisabeth exprime tout ce que peut apporter une rencontre de confiance et de partage. Ni Marie, ni Elisabeth n’avaient osé espérer un tel bonheur.  Le fait de se rencontrer, leur donne l’occasion d’exprimer librement ce qu’elles ressentent de l’action de Dieu en elles.  Avec les paroles de la Bible, l’une et l’autre expriment la nouveauté de leur vie enrichie par Dieu. Marie ne fait que reprendre à son compte l’admiration du peuple Hébreux pour son Dieu tout au long de son histoire.
Ainsi, le chant du Magnificat actualise la bonté et la tendresse de Dieu à l’égard de tous ceux qui le cherchent. C’est le texte fondateur de la Bonne Nouvelle. Ce chant porte un message révolutionnaire.  « Dieu disperse les orgueilleux, Il déboulonne  les puissants, Il relève ceux qui n'ont pas droit à la parole, ceux que l'on rejette, les pauvres de toutes conditions. » Et c'est Marie, cette femme à qui l'on rend souvent un culte mièvre, à « l'eau de rose », qui crie ces vérités fortes pour tous les hommes de tous les temps !
           Marie est admirable parce qu'elle est l'image idéale de toutes les femmes de tous les temps. Avant d'être universellement célébrée à travers les âges, elle a d'abord été une femme comme toutes celles de son époque. Elle ne s'est distinguée en rien des jeunes filles et des femmes de Nazareth. Cette femme appelée « glorieuse » aujourd'hui, a été une femme sans prétention et toute simple. Elle n'a rien fait d'extraordinaire; elle a tout simplement rempli, avec beaucoup d'amour, sa mission  d'épouse et de mère. Elle n'a   pas fait de grands discours. Les Évangiles ne rapportent que quelques paroles qui expriment sa disponibilité et sa foi profonde: « Oui, je suis la servante du Seigneur».
Et puis ces paroles de la Bible par lesquelles elle affirme  que le Seigneur a fait de grandes choses pour elle : « Magnifique est le Seigneur ». Elle se contente d'être là, discrète et silencieuse. Elle essaye de comprendre son Fils à l’âge de 12 ans: « Pourquoi nous as-tu fait cela ? » Aux noces de Cana elle sert d’intermédiaire : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
 Marie sera là, d’une façon très discrète dans les évangiles, de l’Annonciation jusqu’au pied de la Croix. Marquée par les événements heureux et malheureux qui concernaient son Fils, Marie a éprouvé dans sa chair ce que toutes les mamans peuvent ressentir. 
Marie est toujours là avec les apôtres, témoins de la résurrection de son Fils comme dans l’Eglise naissante à la Pentecôte. Et encore aujourd’hui, elle rassemble des multitudes de femmes et d’hommes à Lourdes, Fatima, La Salette, Guadalupe, Banneux…. Tout ce monde bousculé par la souffrance sous toutes ses formes vient lui confier sa peine et son espérance.

Être à côté des faibles 

A la suite de Marie et d’Elisabeth, les chrétiens sont invités à se réjouir de tout ce qui arrive de beau et de bien à ceux qui les entourent. Cette joie sera d’autant plus grande qu’on aura mesuré et partagé les difficultés au milieu desquelles tous ces gens essayent de tenir le coup « vaille que vaille ».
Avec  Marie, faisons nôtre ce chant du Magnificat en rejoignant le combat de ceux qui sont engagés aux côtés des petits, des faibles, des laissés pour compte, des sans-papiers, des sans-toits, des sans-travail, les cassés de la vie et aux côtés de tous ceux qui ne savent plus à quoi s’accrocher.
Notre Maman du ciel restera toujours présente à ce grand combat de l'humanité sur terre, où les forces de la  Vie et de la Mort s'affrontent dans le cœur des hommes et dans le monde, jusqu'à la fin des temps.
            Marie, aide-nous à nous mettre en route et à nous laisser déranger par Dieu qui a besoin de nous. Aide-nous à rester vigilants, attentifs et accueillants aux autres sans nous lasser comme tu as si bien su le faire.

François , prêtre retraité