Les membres de la SHAL ont suivi avec beaucoup d’intérêt la conférence « Les Lorrains restés en Charente de1940 à 1945 » animée par Jacques Baudet.
Photo JAS
Jacques Baudet, historien, conférencier et écrivain
Il a relaté que « c’est au mois d’août 1940 que les 85 000 Mosellans évacués en Charente ont été invités par les Allemands à rentrer chez eux. Malgré la nostalgie du pays natal et tout ce qui les rattache à leur chère Lorraine des familles mosellanes sont restées en Charente. » Le curé de Volmunster Charles Humbert conseillait à ses paroissiens de rester: «Vous allez bientôt rentrer chez vous, je ne vous accompagnerai pas. Qui sait si vous pourrez rentrer ? N’étant plus avec vous, que personne ne me tienne pour responsable de ce qui pourra vous arriver désormais... La guerre n’est pas finie, les envahisseurs seront chassés de nos terres. Il faut faut attendre et surtout ne pas se mettre sous la coupe des Allemands.» Effectivement, les habitants de Volmunster et des 17 autres communes du Bitcherland rentrés seront spoliés et à nouveau expulsés dans le Saulnois le 11 novembre 1940.
Charles Rechenmann
Bernard Fischer était de Sturzelbronn, Charles Rechemann de Saint-Louis-lès-Bitche et Jacques Vogel d'Ormersviller |
En leur souvenir, un mémorial a été érigé à Perreuil-Angeduc. A la suite, un nouveau groupe de résistants Charente-Lorraine est créé.
Le capucin Père Augustin, né Antoine Meyer, du couvent de Bitche est une grande figure de la résistance en Charente. Chargé d’évacuer les malades de l’hôpital de Bitche en 1939, il revient en octobre 1940 à Bitche, mais suite à l’expulsion des Capucins, il retourne en Charente où il retrouve certains de ses paroissiens et devient l’aumônier des réfugiés. Jacques Baudet nous apprend « qu’une fois par mois il a réuni les Lorrains à l’abbaye de Bassac, où après la messe, ils se retrouvent pour partager des victuailles. Dans ses homélies, il nargue souvent les Allemands. Il se met à fabriquer de fausses cartes d’identité pour les soldats mosellans insoumis ou évadés. Il sera arrêté le 28 décembre 1943, il dira toujours qu’il a agi seul, mais sera envoyé au camp de concentration de Neugamme près de Hambourg. Il meurt le 7 avril 1945 lors d’un transfert en train. En réalité, il n’a jamais agi seul. » Il était aidé particulièrement par Élisabeth Hasselwander de Volmunster et Albert Fersing de Lixing-lès-Rouhling, secrétaires aux mairies respectivement de Jarnac et Segonzac.
Évacués le 1 septembre 1939, ces Mosellans restés en Charente ne rentreront qu’en mai 1946. Ils retrouveront un village en ruines et devront habiter durant plusieurs années dans des baraquements. Toutefois, ils n’oublieront pas cet épisode qui a créé des liens entre ces deux départements.
Joseph Antoine Sprunck