mercredi 18 décembre 2013

Le beau Bitcherland



Partout cependant, soit qu'elle domine effectivement, soit que les défrichements l'aient morcelée, la forêt reste présente (au Bitcherland). Elle hante l'imagination ou la vue. Elle est le vêtement naturel de la contrée.




 Sous le manteau sombre, diapré par le clair feuillage des hêtres, les ondulations des montagnes sont enveloppées comme amorties. L'impression de hauteur se subordonne à celle de forêt. Même après qu'elle a été extirpée par l'homme, la forêt se devine encore aux écharpes irrégulières qu'elle trace parmi les prairies, aux émissaires qu'elle y projette, soit isolés, soit en bouquets d'arbres grimpant sur des blocs de roches. 


De ces prairies brillantes jusqu'aux dômes boisés, c'est une symphonie de verdure qui, par un beau jour, monte vers le bleu cendré du ciel.


Mais le charme grave qui s'exhale du paysage ne parvient pas à dissimuler la pauvreté native du sol.  
  


Paul Vidal de la Blache. 

Tableau de la géographie de la France. Paris. Editions Hachette. 1903

Réédition 1908. p. 189.

Transmis  par Jacques Baudet

Photos de Joseph Antoine Sprunck